La révolution « coreless » dans la banque européenne : une opportunité pour la France
Dans un contexte où la transformation digitale s’accélère à travers l’Europe, la modernisation des systèmes bancaires devient un enjeu stratégique majeur. La France, avec son écosystème bancaire mature et son cadre réglementaire exigeant, se trouve à l’avant-garde de cette révolution, notamment grâce à l’émergence du modèle « coreless ».
Qu’est-ce que la banque « coreless » ?
Traditionnellement, les banques françaises s’appuient sur des systèmes centraux (core banking systems) souvent anciens, complexes et coûteux à maintenir. Le modèle « coreless » ne signifie pas la disparition de ces systèmes, mais leur décentralisation au profit d’une architecture orientée données et clients. L’objectif : casser les silos produits, fluidifier la circulation de l’information et permettre une innovation plus rapide.
Dans ce modèle, la donnée devient le cœur du système, permettant d’unifier les parcours clients et d’offrir des services personnalisés, tout en facilitant l’intégration de partenaires et de nouveaux produits via des API ouvertes. Cette approche répond à la fois aux attentes croissantes des clients en matière d’expérience digitale et aux exigences réglementaires françaises en matière de sécurité et de souveraineté des données.
Pourquoi ce modèle s’impose-t-il en France ?
Plusieurs facteurs accélèrent l’adoption du coreless banking dans l’Hexagone :
- Pression réglementaire accrue : La France, pionnière en matière de protection des données (RGPD), impose aux banques une gestion rigoureuse et transparente des informations clients. Le modèle coreless, centré sur la donnée, facilite la conformité et la traçabilité.
- Attentes clients en mutation : Les consommateurs français, habitués à des expériences fluides dans d’autres secteurs (retail, mobilité), exigent des services bancaires personnalisés, accessibles en temps réel et sur tous les canaux.
- Concurrence des néobanques : L’arrivée de nouveaux acteurs agiles, souvent 100% digitaux, pousse les banques traditionnelles à repenser leur modèle pour rester compétitives.
- Optimisation des coûts : La maintenance des systèmes legacy absorbe une part croissante des budgets IT. L’approche coreless permet de rationaliser les investissements et de réallouer les ressources vers l’innovation.
Les bénéfices concrets pour les banques françaises
- Accélération de l’innovation : En s’affranchissant des contraintes des systèmes historiques, les banques peuvent lancer plus rapidement de nouveaux produits ou services, tester des offres en mode pilote, et s’adapter en continu aux évolutions du marché.
- Expérience client enrichie : L’unification des données permet de proposer des parcours personnalisés, d’anticiper les besoins et de renforcer la fidélisation.
- Ouverture à l’écosystème : Grâce aux API, les banques peuvent collaborer avec des fintechs, des assureurs ou des acteurs non financiers pour enrichir leur proposition de valeur.
- Maîtrise des risques et conformité : La centralisation de la donnée facilite la gestion des risques, la détection de la fraude et la conformité réglementaire, notamment dans un contexte de supervision renforcée par l’ACPR et la Banque de France.
Les défis à relever
La transition vers le coreless banking n’est pas sans risques :
- Gestion du changement : La transformation impacte l’ensemble de l’organisation, des équipes IT aux métiers. L’accompagnement humain et la conduite du changement sont essentiels.
- Sécurité et souveraineté : L’ouverture des systèmes via des API doit s’accompagner de mesures de cybersécurité robustes et d’une attention particulière à la localisation des données.
- Scalabilité : Le passage à une architecture modulaire nécessite une planification rigoureuse pour garantir la continuité de service et la montée en charge progressive.
Conclusion
La France dispose de tous les atouts pour devenir un leader européen du coreless banking : un secteur bancaire solide, une culture de l’innovation, et un cadre réglementaire exigeant mais stimulant. Les banques qui sauront transformer leur cœur de métier autour de la donnée et de l’expérience client seront les mieux placées pour répondre aux défis de demain et saisir les opportunités offertes par la digitalisation accélérée du secteur financier européen.