L’Europe se trouve à un tournant décisif dans la transformation digitale de son système de santé. L’explosion des données de santé – dossiers médicaux électroniques (DME), objets connectés, génomique, télésurveillance – offre des opportunités inédites pour améliorer la qualité des soins, renforcer la prévention et optimiser l’efficacité opérationnelle. Pourtant, la promesse de la médecine digitale reste freinée par des défis structurels : systèmes hérités fragmentés, silos de données, plateformes peu interopérables et une expérience patient encore trop souvent secondaire.
Pour libérer tout le potentiel de la santé digitale, les organisations européennes doivent adopter une véritable logique de plateforme : repenser leur infrastructure numérique pour favoriser l’interopérabilité, la qualité des données et placer le patient au centre de l’écosystème.
L’interopérabilité est la pierre angulaire de la transformation digitale en santé. Si des standards comme HL7 FHIR progressent, la réalité reste celle d’un patchwork de systèmes – DME, télémédecine, gestion des remboursements, pharmacie – qui peinent à dialoguer. Pour dépasser cette fragmentation, il est essentiel d’adopter des architectures ouvertes, modulaires et évolutives, capables d’intégrer des données issues de multiples sources (hôpitaux, médecine de ville, objets connectés, laboratoires, etc.).
La gouvernance des données devient alors un enjeu stratégique. La qualité, la structuration et la sécurité des données sont indispensables pour alimenter l’intelligence artificielle, automatiser les processus et garantir la conformité avec le RGPD. Les organisations doivent investir dans des processus robustes de collecte, de nettoyage et de gestion des données, tout en favorisant la collaboration entre métiers, IT et équipes réglementaires.
La transformation digitale ne se limite pas à la technologie : elle doit repenser le parcours de soins autour des besoins, préférences et contextes de vie des patients. Les plateformes de nouvelle génération doivent permettre :
L’Europe se distingue par un cadre réglementaire exigeant (RGPD, directives sur la cybersécurité, exigences nationales), une forte sensibilité à la souveraineté des données et une volonté d’inclusion. Les plateformes doivent donc être conçues pour garantir la confidentialité, la portabilité et la sécurité des données, tout en restant adaptables aux évolutions réglementaires. L’accessibilité – linguistique, culturelle, pour les publics fragiles – est également un impératif pour lutter contre les inégalités de santé.
La révolution des plateformes en santé est en marche. En investissant dans des écosystèmes interopérables, centrés sur le patient et prêts pour l’IA, l’Europe peut accélérer l’innovation, améliorer les résultats de santé et renforcer la résilience de ses systèmes. Le défi est complexe, mais les bénéfices – pour les patients, les professionnels et la société – sont à la hauteur de l’ambition européenne d’une santé plus humaine, efficace et inclusive.